lundi 1 juillet 2013

Aux origines, était le coeur

Maestro de la littérature jeunesse, Camille Bouchard ose avec L’homme de partout une incursion, trop rare, dans la littérature adulte. Pour les néophytes, cette promenade dans le milieu littéraire et des salons du livre sera plus qu’instructive, alors que pour les initiés elle prendra le ton d’une balade rafraichissante.

C’est avec une grande délicatesse et autant de finesse, que Camille Bouchard raconte, dans L’homme de partout, le retour d'un romancier célèbre et primé dans la ville de sa jeunesse, sur la Côte-Nord, à l'occasion d'un salon du livre. Hasard ou destin, celle qui dirige ce salon n’est autre que l’ancienne jeune femme qu'il a profondément aimée. Ancienne, parce que c’était il y a longtemps. Ancienne, parce que le temps a fait son œuvre, implacable, et parce qu’elle ne ressemble plus à cette jeune femme, à qui il conserve son amour, ni dans ses actes, ni dans son physique, excepté son sourire.

Leur rupture a fait de lui le grand voyageur, l’auteur errant qu’il est devenu. Camille Bouchard nous livre ici un jeu de miroirs entre un nouvel amour et le premier, où le passé et le présent s’entrechoquent pour se disputer l’avenir du cœur. Amour, tendresse, humour sur fond de salon du livre, voilà un roman qu'on ne veut pas refermer.

Entre nostalgie et espoir, L’homme de partout est avant tout un livre lumineux sur l’amour et ses heurs. De très belles pages dont on savoure le rythme et qu’on ne peut oublier. Camille Bouchard écrit bien, écrit très bien et le lire plonge le lecteur dans une introspection, celle du narrateur bien sûr, mais aussi la sienne, exigeant un bilan du cœur.
Il en résulte un roman surprenant, que l’on ne peut oublier. L’homme de partout est assurément une des plus belles lectures de cette année !


Marie-Pierre Laëns
 
Camille Bouchard, L’homme de partout, L’hexagone, 978-2-89648-025-8, 128 pages