Maestro de la littérature jeunesse, Camille Bouchard ose avec L’homme de partout une incursion, trop
rare, dans la littérature adulte. Pour les néophytes, cette promenade dans le
milieu littéraire et des salons du livre sera plus qu’instructive, alors que
pour les initiés elle prendra le ton d’une balade rafraichissante.
C’est avec une grande délicatesse et autant de finesse, que
Camille Bouchard raconte, dans L’homme de
partout, le retour d'un romancier célèbre et primé dans la ville de sa
jeunesse, sur la Côte-Nord, à l'occasion d'un salon du livre. Hasard ou destin,
celle qui dirige ce salon n’est autre que l’ancienne jeune femme qu'il a
profondément aimée. Ancienne, parce que c’était il y a longtemps. Ancienne,
parce que le temps a fait son œuvre, implacable, et parce qu’elle ne ressemble
plus à cette jeune femme, à qui il conserve son amour, ni dans ses actes, ni
dans son physique, excepté son sourire.
Leur rupture a fait de lui le grand voyageur, l’auteur errant
qu’il est devenu. Camille Bouchard nous livre ici un jeu de miroirs entre un
nouvel amour et le premier, où le passé et le présent s’entrechoquent pour se
disputer l’avenir du cœur. Amour, tendresse, humour sur fond de salon du livre, voilà un roman qu'on ne veut pas refermer.
Entre nostalgie et espoir, L’homme de partout est avant tout un livre lumineux sur l’amour et
ses heurs. De très belles pages dont on savoure le rythme et qu’on ne peut
oublier. Camille Bouchard écrit bien, écrit très bien et le lire plonge le
lecteur dans une introspection, celle du narrateur bien sûr, mais aussi la
sienne, exigeant un bilan du cœur.
Il en résulte un roman surprenant, que l’on ne peut oublier. L’homme de partout est assurément une
des plus belles lectures de cette année !
Marie-Pierre Laëns
Camille
Bouchard, L’homme de partout, L’hexagone, 978-2-89648-025-8, 128 pages