jeudi 8 août 2013

Faîtes entrer Jeanne Laberge !



Avec La valse des Odieux, Sylvie-Catherine de Vailly offre une entrée remarquable et remarquée à l’inspecteur Jeanne Laberge dans la littérature policière québécoise, et aux lecteurs le plaisir de commencer une série policière de qualité.

Tout pourrait se dérouler paisiblement dans ce petit village où tout le monde connaît son voisin, mais une ombre en a décidé autrement. Des incendies, manifestement criminels, commencent à éclater un peu partout. Chacun se terre et apprend à se méfier. Les relations de bon voisinage font place à la défiance, lorsqu’Augustine, surnommée affectueusement la vieille demoiselle, disparaît sans laisser de traces.

Quand l’inspecteur Jeanne Laberge, première femme à accéder à un tel poste dans la police, est chargée de l’affaire au grand dam de certains habitants et certains de ses collègues, elle découvre un village meurtri et notamment une petite fille, Bernadette, narratrice de cette histoire épouvantable. Ces deux personnages apportent une dimension exceptionnelle au roman : entre détermination et innocence, l’enquête avance pour découvrir les coins les plus sombres de l’âme humaine, ce lieu où le meurtre devient un moyen ordinaire d’obtenir ce qu’on veut. Malgré cette noirceur, se dégage un charme indéniable, celui-là même que l’on prête aux petits villages, que l’on qualifie de pittoresques. Et pourtant, rien dans La valse des Odieux ne se limite à un simple particularisme régional. L’action pourrait se passer au Québec, en France, en Allemagne : le propos est universel.
Sylvie-Catherine de Vailly attise la curiosité du lecteur et le tient en haleine de la première à la dernière ligne. Impossible de laisser ce roman, ces personnages attachants, cette intrigue si bien ficelée : La valse des Odieux se lit d’une traite et une seule. Parfait de bout en bout, ce roman pourrait être cité en exemple à tous les apprentis écrivains : des débuts de chapitres qui captivent immédiatement le lecteur, des personnages attachants et bien développés, une intrigue mise en scène avec maestria, une recherche si bien maitrisée qu’elle s’imbrique totalement dans la structure même de ce livre, et ce sans artifice, des pauses pour ménager le suspense au moment parfait. On ne peut que s’incliner devant le savoir-faire de Sylvie-Catherine de Vailly qui écrit, en ce moment-même, une seconde aventure de l’inspecteur Jeanne Laberge. Madame de Vailly, chapeau bas !

Sylvie-Catherine de Vailly, La valse des Odieux, Recto Verso, ISBN : 978-2-924259-00-9

Marie-Pierre Laëns

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